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A 14h30, les jeunes retournent en cours. « Cet après-midi, j’ai Apocalypses, au pluriel », précise Sébastien. D’autres jours, il a christologie, patristique ou encore liturgie… « Je me suis éclaté en philosophie, en première et deuxième années, se souvient-il. Les très nombreux auteurs étudiés m’ont permis de forger ma pensée et de mettre des mots sur ce que j’ai toujours ressenti. » Il a lu Nietzsche. Le philosophe selon lequel l’homme est un « fabricateur de dieux » ne l’a pas fait douter de sa vocation. Idem pour les scandales pédophiles et financiers ayant éclaboussé l’Église. « Pendant que les affaires éclataient dans les médias, je vivais ma foi en paroisse dans un climat ecclésial totalement différent. »

 

D’un pas tranquille, Sébastien nous fait visiter son établissement, construit au 18e siècle. A côté des bâtiments beiges et ocres, les séminaristes ont leur maison, avec chambre individuelle et jardin. Ils sont 17 au total. Mais seulement 4 en quatrième année, dont Sébastien et deux Vietnamiens qui repartiront à terme dans leur pays. « Vivre ensemble n’est pas toujours évident, confie-t-il. Nous ne nous sommes pas choisis alors parfois, certaines personnalités peuvent avoir du mal entre elles ». Les jeunes se relaient pour le ménage dans les parties communes. Dans la chambre de Sébastien, pas de bibelot à dépoussiérer, mais beaucoup de livres. Sur sa table de chevet, La Gloire de mon père de Marcel Pagnol a laissé la place à L’Assommoir d’Emile Zola. « Le goût de la littérature classique m’est revenu en entrant au séminaire. » 

Je me suis éclaté en philosophie.

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Sébastien

Pull beige, écharpe à rayures, jean bleu foncé... Cette panoplie conformiste habille en réalité un jeune hors-normes. A rebours de notre société sécularisée, Sébastien Wenk, 27 ans, souhaite devenir prêtre catholique. Ce mosellan très attaché à son terroir – il est né à Sorbey, village de moins de 400 âmes – a tout naturellement choisi le séminaire de Metz, l’une des 32 « écoles des prêtres » de France.

 

 

« Je sors de deux semaines d’examens », explique ce jeune. Dissertations, commentaires de textes… Heureusement, les Bible était autorisée pendant les épreuves. Alors qu’à l’université, seules comptent les notes, ici les résultats ne sont pas sacralisés. Ainsi, un brillant élève peut se voir éconduit vers la sortie du séminaire si l’institution le juge inadapté à la prêtrise.

A « l’école des prêtres » de Metz, Sébastien Wenk mène une vie qui n'est pas si différente de celle des jeunes de son âge. Cours, prière et foot rythment sa semaine. 

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Sébastien, au séminaire

                                                                                                                                             

Fabien

en réflexion

Sébastien

au séminaire

Père Rémy

curé de campagne

Père Edouard

prêtre à Nantes

Père François

prêtre au Havre

Romain

réorienté

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Sébastien Wenk en cours d'initiation chrétienne. Aujourd'hui, le prêtre-enseignant aborde les sacrements catholiques.

 

La chapelle Saint-Charles Borromée, vue depuis l

Contrairement au quotidien d’étudiants lambda, la vie est ici réglée comme du papier à musique. A 7h30, tout le monde est prêt pour les laudes, première prière du jour. Vers 8h, petit déjeuner en commun puis cours de  8h30 à 12h30. Les séminaristes sont rejoints par quelques étudiants de l'université de Metz. Sébastien rit de bon cœur quand le prêtre-enseignant réveille les étudiants à coups de bons mots. « Si on s’en tient à la réalité matérielle des choses et qu’on regarde un baptême, on voit seulement qu’on a foutu de la flotte sur un gamin », ironise le prof, col romain et smartphone dépassant du veston.

 

 

 

Place au repas, entre séminaristes. Ceux qui un jour dresseront l’autel mettent pour l’instant la table dans le réfectoire d’époque. A tour de rôle, ils servent les plats et débarrassent. La choucroute du jour est encadrée par deux courtes prières, chacun debout derrière sa chaise. 

La chapelle Saint-Charles Borromée, vue depuis la maison des séminaristes. L'hiver, il y fait très froid, les séminaristes prient donc dans une chapelle intérieure.

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Sébastien (en beige, à droite) déjeune chaque midi au réfectoire avec les autres séminaristes. Le recteur du séminaire, à sa gauche, se joint à ses étudiants.

A 19 heures, c’est l’heure des vêpres, prière solennelle du soir, puis du repas. Deux fois par semaine, Sébastien a le droit de ne pas dîner au séminaire. Il en profite parfois pour voir ses copains d'avant, pas tous croyants. « Ils me surnomment Jésus, s’amuse-t-il, mais ils comprennent mon choix ». Le week-end est plutôt réservé à sa famille. « Ca fait du bien de les voir », confie-t-il. Ses parents, son frère et sa sœur ont accueilli sa vocation avec bienveillance. Son père, ancien agent Urssaf qui boudait la messe, a été plus étonné que sa mère, femme de ménage à la retraite. Elle emmenait régulièrement Sébastien à l’église le dimanche.

 

A bien des égards, la vie de Sébastien ressemble à celle des autres jeunes. Tous les mardis soir, il joue au foot. Il a vu et aimé le dernier Star Wars. Il utilise Facebook et connaît  les nouvelles applications web. « Je suis à la pointe », sourit-il. Comme bien des étudiants de la génération Erasmus, il est allé étudier un an à l’étranger. Au lieu de faire un stage sur le terrain, en paroisse, il est ainsi parti à Fribourg (Suisse) apprendre l’anthropologie à Philanthropos, institut fondé par des intellectuels catholiques en 2004. Comme tout le monde, il a des vacances. Mais celles-ci doivent comporter au moins un mois d’activité. « Un été, j’ai travaillé dans une boucherie. Un autre, je suis parti à Rome pour faire visiter la basilique Saint-Pierre à des touristes Français. ». Tout comme ses amis de BTS, celui qui voulait devenir électricien a fini par trouver la lumière.

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En hiver, les messes se déroulent dans la chapelle intérieure. Sébastien (à droite de l'image) écoute l'oraison du prêtre, celui-là même qui donnait cours ce matin.

Mais Sébastien s’est déjà posé des questions sur sa vocation. « A mon arrivée ici, je me suis demandé si, avec le célibat, le renoncement n'était pas trop grand.» Avant son entrée au séminaire, il vit une relation sentimentale de quelques mois en BTS d’électrotechnicien. Maintenant qu’il a troqué les ampoules contre des cierges, le souvenir de cette histoire lui permet de ne « pas trop idéaliser l'amour ». Surtout, des sessions « Affectivité et Célibat » sont organisées au séminaire pour accompagner les futurs prêtres. Il peut aussi en discuter avec son père spirituel, prêtre qui l'accompagne dans sa foi.

 

 

Après les cours, à 16h30, Sébastien peut venir se détendre dans la salle de repos du séminaire. Un canapé moelleux, une étagère remplie de BD et une mini-chaîne rendent ce lieu chaleureux. Il jongle entre le rap (IAM, MC Solaar), le métal ou encore le classique.

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